La sieste, un besoin génétique

Prendre l’habitude de siester est un vrai plus pour le quotidien. La sieste a un impact positif scientifiquement prouvé à plusieurs niveaux. Elle réduit le stress, répare les dégâts causés par une mauvaise nuit, assoie la mémoire et booste la créativité. De récentes études permettent aussi de tordre le cou à l’idée selon laquelle la sieste est « un truc de fainéant ». En réalité, c’est « un truc » d’humain.

Une personne fait la sieste sur un canapé.
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Depuis quand siestons-nous ?

Le mot sieste vient de l’espagnol « siesta », lui-même emprunté au latin « hora sexta » qui signifie sixième heure du jour. Cela correspondait à midi, en heures canoniales au Moyen Âge. Plus largement, depuis cette époque, la sieste désigne le temps de repos que l’on s’accorde après le déjeuner.

Cela ne date pas d’hier, et pour cause, la survenue du sommeil après le repas, c’est génétique. Selon Michel Tiberge, neurologue au Centre du sommeil de Toulouse, « l’être humain est génétiquement programmé pour avoir tendance à s’endormir vers 14-15 heures ». Même si certains la perçoivent moins que d’autres, cette faiblesse touche tout le monde. On ressent une sorte de d’endormissement du corps, une torpeur. On pique du nez, les yeux se ferment, la concentration est difficile à apprivoiser.

Fait étonnant : cet état n’est lié à aucun phénomène physiologique, à l’inverse de l’endormissent du soir qui va avec une baisse de la température du corps et une sécrétion de mélatonine (hormone du sommeil sécrétée à la tombée de la nuit par la glande pinéale du cerveau). Même la digestion, qui nécessite pas mal d’énergie, n’en est pas la cause, contrairement à ce que l’on croit.

Soyez productif : faites la sieste

La sieste « libère notre génie intérieur », relate Bruno Comby dans son ouvrage L’éloge de la sieste. Plusieurs chercheurs ont appuyé cette idée, dont Bill Anthony, psychologue et directeur du Centre de réhabilitation psychiatrique à l’université américaine d’Harvard. Cette pause augmenterait les performances intellectuelles en favorisant la mémorisation des informations et en « rafraîchissant » le cerveau, en quelques sortes.  Idéal pour ceux qui oublient régulièrement leurs compléments alimentaires spécial mémoire trouvés en parapharmacie.

Les effets se font ressentir directement et jusqu’à deux heures et demie après le réveil, mais s’inscrivent également sur le long terme. Créativité et humeur s’en trouvent transformées. Et au vu du succès de ses fervents défenseurs – Archimède, Victor Hugo, Isaac Newton ou André Gide – on est tenté de le croire.

Une jeune femme fait la sieste.
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Rembourser la dette de sommeil

En 2008, une étude menée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) avait démontré que 17 % des Français âgés de 25 à 45 ans contractent chaque nuit une dette de sommeil. Or, ce comportement n’est pas à prendre à la légère. Sensibilité accrue au stress, sautes d’humeur et déséquilibres variés en sont les conséquences directes.

À ce propos, une recherche publiée en 2015 aux États-Unis démontre que le rituel de la sieste rétablit certains niveaux d’hormones et de protéines importants, chamboulés par ces courtes nuits. Notamment celui de noradrénaline. Il s’agit d’une hormone et neurotransmetteur jouant un rôle important dans la réaction de l’organisme au stress. Son manque accroît le rythme cardiaque, la tension artérielle et la glycémie.

«Il s’agit de la première étude à mettre en évidence le fait que la sieste peut restaurer la santé du système neuro-endocrinien et immunitaire», commente Brice Faraut, chercheur de l’Université Paris Descartes-Sorbonne, l’un des principaux auteurs de l’étude en question. La sieste permet aussi de regonfler les taux d’interleukin-6 (protéines aux propriétés antivirales, affectées par la dette de sommeil).

Quelle sieste ?

Une sieste récupératrice idéale dure entre dix et trente minutes et se situe aux alentours de 14 heures, pour ne pas risquer de retarder l’endormissement du soir. Cela correspond à peu près aux deux premiers stades légers du sommeil lent. Aller plus loin, c’est entamer un cycle de sommeil de 90 minutes duquel on se sortira péniblement et dont on aura du mal à percevoir le bénéfice. Et si l’on a du mal à s’endormir le soir, c’est diminuer encore ses chances de trouver le sommeil.

En s’entraînant à lâcher prise rapidement, on peut optimiser son temps de repos. En pleine détente, les yeux fermés, la tête posée, deux minutes peuvent suffire. Il ne s’agit pas tellement de dormir à poings fermés, se relaxer de tout son être au calme fait l’affaire. On appelle cela la « sieste flash ».

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